Les avocats de la défense exerçant principalement devant les tribunaux pénaux de première instance sont de plus en plus régulièrement invités à envisager une variété de stratégies holistiques ou alternatives telles que les tribunaux spécialisés dans le traitement de la toxicomanie (TTT). Cela soulève de nouvelles questions éthiques et pratiques. Les chercheurs se montrent, quant à eux, critiques face à ces changements. En effet, plusieurs ont démontré comment les tribunaux spécialisés peuvent contourner le principe de la présomption d’innocence et imposer des conditions ainsi qu’une surveillance plus contraignante. Qui plus est, plusieurs de ces tribunaux spécialisés ne disposent pas des ressources nécessaires afin d’accompagner les participants à long terme. En revanche, nous ne savons pas comment les avocats de la défense représentant des clients marginalisés perçoivent ou « négocient » avec les TTT. Cet article tente de répondre à ce questionnement en s’appuyant sur 98 entrevues menées auprès d’avocats de la défense exerçant à Toronto et à Montréal. Nous identifions et discutons non seulement des circonstances où les participants déclarent être plus favorables ou plus critiques à l’égard des TTT, mais aussi de la façon dont ils mobilisent aussi le concept de « justice thérapeutique » dans leur pratique. Notre discussion aborde aussi les questions de l’accès aux services de santé et de soutien social, des interventions interdisciplinaires et de la manière dont les personnes sont criminalisées plutôt qu’aidées.
